J’avais oublié le ciel gris et la sombre végétation. L’atmosphère d’un orage constant, de l’air toujours en tension. J’avais oublié cette terre d’histoires et de souvenirs qui envahissent les songes des esprits emprisonnés, oubliant à jamais les créatures fuyantes de leur passé.
J’avais oublié le goût du mensonge et les éternels étés qui, mêlés de tonnerre et de l’étouffante moisson, grondent à mesure que les grains du sabliers s’écoulent.
J’avais oublié l’odeur âcre de l’angoissante certitude du soir et de ces pas à rebours. Le tic tac de l’horloge cloquait à la surface de la cloche de verre, qui d’un cliquetis perçant, craquelait mon coeur en morceaux éparses.
J’avais oublié la sueur froide et les muscles contractés par la douloureuse apesanteur du quotidien. Et la suffocante inspiration de chaque lendemain qui n’était qu’un perpétuel recommencement.
J’avais oublié le crissement strident de ces ridicules rythmiques aiguës où la fuite était la seule issue, la principale sortie.
J’avais oublié, enfin, le visage de ma chère solitude qui, dans le miroir sans tain, reflétait l’éclat de Liberté encore indistinct.
J’avais oublié et maintenant, je me souviens.
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Photo de Maria Arayssi sur Unsplash
C’est vraiment très beau, merci pour cet instant frisson ❤
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Oh merci beaucoup Anaïs !
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